Dans les coulisses historiques des bas
Les femmes portent des bas depuis le milieu du 19è siècle. Des décennies durant, elles laisseront planer le mystère autour de ce sous-vêtement féminin qu’elles n’exposeront qu’en de rares occasions, des instants volés et furtifs bien souvent.
De 1850 à 1914 : le début des bas pour femmes
Rappelez-vous ! Avant la première guerre mondiale, les femmes étaient largement vêtues : robes, jupons et corsets étaient leur lot quotidien. Difficile à croire cependant, les bas sont déjà là , imperceptibles derrière cette masse de vêtements qui se superpose. Blancs au départ, ils se diversifient peu à peu. Dans les années 1870, les « bas bottes », qui démarquent la cheville du reste de la jambe, laissent place aux bas écossais ou bas « rayures » en 1880. En 1890, le bas noir fait son apparition.
Le bas connaît sa période la plus faste à la Belle-Epoque. Dans un premier temps, les jarretières sont préférées avant d’être remplacées, en 1876, par le porte-jarretelle, jugé moins néfaste pour la circulation sanguine. Le principe de la jarretière ne reviendra qu’avec l’invention des bas jarretière dans les années 1980.
Vers la fin du 19è siècle, le premier métier à tisser circulaire est à l’origine de l’explosion du marché des bas. Cette nouvelle machine permet de fabriquer un tricot tubulaire qui unifie la matière et la rend compacte. On pourrait croire que cette invention signe la fin des bas couture. Et, pourtant, rien n’est moins vrai. Ils connaîtront un véritable engouement dans les années 1930 et 1950. D’ailleurs, face à la pénurie de la 2è guerre mondiale, les femmes rivaliseront d’audace, pour s’en procurer au marché noir et feront preuve de ruse, en dessinant, elles-mêmes, un trait noir au dos de leurs jambes pour faire illusion. Ce sont les collants qui participeront, dans les années 1960, au déclin des bas à coutures.
De 1920 Ã 1960 : le bas en effervescence !
Les bas se dévoilent enfin pendant la 1è guerre mondiale, les femmes relevant leurs jupes pour travailler à la place des hommes partis au front. Leurs jambes et les démarcations des bas apparaissent alors aux yeux de tous. Elles ont encore l’habitude de porter des bas noirs. Mais, en 1922, les bas « teint de chair » deviennent à la mode, parfois décorés de motifs de plus en plus excentriques et originaux au fil des ans.
Les années folles sont également l’apanage des matières liées aux bas. La soie synthétique supplante alors la soie naturelle, jusqu’à ce que les bas nylon se développent en 1928, aidés par les soldats américains qui en emportent avec eux lors du débarquement en 1944.
Le marché du bas connaît sa première crise pendant la guerre. Les femmes doivent affronter la pénurie et sortent les jambes nues, laissant leur coquetterie de côté. C’est alors que les stylistes des grandes marques vont jouer un rôle primordial dans la reconquête du bas par les femmes. En imposant le port de la lingerie dans leurs campagnes de publicité, elles vont à nouveau donner de l’élan aux bas. Les avancées techniques, soucieuses de produire des bas toujours plus fins, vont atteindre leur apogée en 1958, date des premiers bas sans couture.
De 1965 à aujourd’hui, l’évanescence des bas ?
Le phénomène des bas prend son essor conjointement à la naissance de la minijupe au début des années 60. Les couleurs s’invitent de plus en plus au grand bal de cette lingerie plébiscitée par la gente féminine. Néanmoins, dans les années 1970, les bas sont temporairement délaissés au profit du pantalon qui occupe l’essentiel du vestiaire féminin jusque dans les années 1980, époque où le culte de l’élégance et de la sensualité refait surface. Le Lycra est la matière qui révolutionne ces dessous à cette période. Les tentatives d’innovation et les recherches en termes d’association de fibres, de couleurs, de motifs, de confort et de bien-être, permettent, encore et toujours, à cette pièce de tissu de plaire aux femmes des temps modernes. S’ils connaissent un succès moindre, les bas demeurent synonyme de glamour et sont réservés à la sphère de l’intimité. Moins en vue qu’à une époque, ils continuent d’être populaire auprès de la gente féminine, notamment grâce aux hommes qui l’associent à un objet de désir et de tentation.
De nos jours, les bas et les collants ne sont plus des concurrents directs. Ils suivent des chemins parallèles, c’est pourquoi les premiers jouent davantage la carte du « sexy » tandis que les seconds mettent l’accent sur le confort.
Le collant est à la rue ce que les bas sont à la « ruelle ». Autrement dit, si l’un se porte exclusivement en public, l’autre appartient à la sphère du privé. C’est là que réside la véritable ligne de démarcation entre les deux.